Association née en 2016 sous l’impulsion de Louis-Elie Maillard et Cyril Roquette, Impulso s’adresse aux jeunes en quête de sens grâce à la microfinance. Rencontre avec les deux fondateurs, diplômés de l’IÉSEG.
Pouvez-vous nous présenter Impulso ?
Impulso est une ONG qui recrute et forme des jeunes (des micro-consultants) qui seront ensuite déployés au service de bénéficiaires dans le besoin. Ces bénéficiaires peuvent être, par exemple, des femmes en Amérique latine qui montent une entreprise pour sortir de la pauvreté, tout comme des petites associations dans la région des Hauts-de-France qui manque de compétences, d’expertise ou encore de ressources humaines. Le but est que ces micro-consultants, majoritairement des étudiants de 20 à 25 ans, puissent partager leurs compétences, leurs talents et leur savoir-faire avec ces bénéficiaires. Nous accompagnons donc les jeunes participants sur un parcours de formation d’un an au total, comprenant une préparation de 6 mois qui peut se faire en parallèle d’un stage, de cours ou encore d’un mémoire. Cette formation est complètement dématérialisée et permet à des jeunes de partout en France de participer. La deuxième partie se fait à temps plein avec un engagement sur le terrain auprès des bénéficiaires en Amérique latine ou en France. Cette mission peut valider un stage de fin d’études ou une césure, tant cette expérience est professionnalisante et va permettre de développer des compétences concrètes.
Pour continuer à grandir, Impulso travaille sur une offre de mécénat dont le but est de faire un pont entre les jeunes sortant d’études, qui ont envie de travailler pour une organisation ou une entreprise qui a du sens, et le monde de l’entreprise qui n’arrive pas à recruter et n’arrive pas à captiver ces jeunes.
Comment Impulso a vu le jour ?
Nous avons tous les deux intégré l’IÉSEG en 2011 et avons lié une forte amitié dès la deuxième année. Nous avions la volonté de vivre une expérience à l’étranger ensemble dans le but d’accomplir une mission sociale et non pas un stage « classique ». Nous avons appris beaucoup de choses et développé beaucoup de compétences à l’IÉSEG, nous souhaitions donc redonner aux autres la chance que nous avions d’être nés en France dans des milieux aisés, d’avoir été scolarisés et d’avoir pu suivre des études supérieures. Depuis très jeunes, nous avons tous les deux baigné dans le milieu associatif, nous voulions donc vraiment nous lancer dans une aventure sociale et humanitaire. Mais nous nous sommes vite rendus compte qu’il n’y avait pas de mission de volontariat alliant vraiment ce que nous avions appris en cours (le côté professionnalisant) et le côté humanitaire. C’est ainsi que l’idée de créer notre propre projet humanitaire est née !
Nous avons recherché ce qui existait comme leviers socio-humanitaires pour le développement des populations des pays du Sud. Nous nous sommes très vite intéressés au micro-crédit, qui est un formidable outil d’émancipation lorsqu’il est utilisé à bon escient. Nous avons alors rencontré plusieurs acteurs de la microfinance et nous avons fait le constat que beaucoup d’entre eux donnent accès à de l’argent à des personnes exclues du système financier classique, mais il n’y avait quasiment personne pour accompagner ces personnes de milieux défavorisés à bien utiliser leur micro-crédit et à en faire quelque chose de vertueux. Nous nous sommes dit qu’avec nos compétences, nous pouvions finalement transmettre ce savoir aux porteurs de projet qui entreprennent généralement, non pas par envie mais par défaut, pour sortir de la pauvreté.
Nous avons alors trouvé des partenaires locaux en Amérique latine et sommes partis 6 mois en Honduras, au Nicaragua et au Pérou pour nous rendre auprès de trois instituts de microfinance. Cette première mission a été un beau succès, et de fil en aiguille nous avons décidé de développer notre activité et, chaque année, les promotions d’étudiants que nous accueillons sont de plus en plus importantes. Depuis le lancement, nous avons reçu 150 volontaires, un vrai cap symbolique.
Comment l’IÉSEG vous a aidés pour votre projet ?
Pendants nos études à l’IÉSEG, il y avait énormément de travaux de groupe, notamment avec des étudiants internationaux. Nous avons appris à monter des projets de A à Z de manière indépendante avec des personnes de tous les horizons. L’adaptabilité était de mise. De plus, nous avions choisi la majeure Entrepreneuriat en Master, qui nous a notamment permis d’apprendre à développer un business model et de rencontrer des personnes très inspirantes. Nous avons adoré programme Carrière qui nous a aidé à découvrir ce qui nous anime et appris à pitcher.
Nous avons débuté l’aventure Impulso en parallèle de notre Master en 2016. En 2018, lorsque nous avons terminé nos études, la question s’est posée de savoir ce que nous allions faire : se lancer à temps plein dans Impulso ou garder le projet en parallèle d’un autre travail ? C’est là qu’est entré en jeu l’Incubateur de l’IÉSEG, qui nous a aidé à nous structurer et à nous professionnaliser. Au début, nous avions plein d’idées de modèle économique différentes, mais l’équipe de l’Incubateur IÉSEG nous a permis de nous focaliser sur notre valeur ajoutée et donc sur un modèle précis.
Comment se porte Impulso aujourd’hui ?
Impulso va bien et a énormément grandi depuis son lancement. Nous proposons aujourd’hui trois missions : une mission en Amérique latine avec 4 pays d’action, une mission en France et une mission – défi sportif qui a débuté récemment.
Devenir micro-consultant “Impulso” est un excellent moyen de se former concrètement : compétences, maturité, responsabilité, bagage humain, développement personnel, etc… Tous ces éléments-là doivent faire de plus en plus partie de la construction personnelle des jeunes, en complément du développement académique.
Depuis cette année, nous donnons également un cours à l’IÉSEG sur la microfinance et la collaboration entre les pays du nord et du sud.
Un conseil pour un entrepreneur ?
S’entourer, écouter les autres, prendre des retours. Certains conseils ne sont pas bons à prendre mais d’autres sont essentiels pour réussir à se recentrer. Garder aussi en tête que la vie d’un entrepreneur aujourd’hui ne se résume pas qu’à des chiffres. Il faut bien sûr avoir des projections sur cinq ans et avoir un certain savoir en finance, mais être entrepreneur aujourd’hui, c’est aussi faire les choses en fonction de son ressenti. Il faut ressentir le marché, ses clients, ses bénéficiaires… Il s’agit avant tout d’être sur le terrain et de s’éclater !